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Grand Corps Malade

4 Saisons

 

4 Saisons

(album: Enfant De La Ville - 2008)


À l'arrivée du mois de décembre
J'ai bien regardé
La hauteur de ciel descendre
Et l'hiver arriver

J'étais presque content de le voir
En l'observant se déployer
J'ai mis une veste au-dessus de ma veste
Pour pas trop cailler

J'ai vu la nuit qui tombait tôt
Mais les gens qui marchaient plus vite
J'ai vu la chaleur des bistrots
Avec de la buée sur les vitres

dessus la nature est fidèle
J'ai vu le jour se lever tard
J'ai vu les guirlandes de Noël
Qui me foutent le cafard
J'ai aimé avoir les mains gelées
Pour les mettre au fond de mes poches
J'ai adoré marcher dehors
Quand tu sais que la maison est proche

J'ai souris bêtement
En voyant qu'il n'y avait plus
De fleurs sur les balcons
J'ai regardé le ciel tout blanc
Y avait même des flocons

Certains matins j'ai vu que le givre
Avait squatté derrière les fenêtres
J'ai vu les gens revenir du ski
Avec la marque des lunettes

Je commençais juste à m'y habituer
Mais les jours ont rallongé
J'ai compris que le printemps
Allait emménager

Le mois de mars avait tracé
En un battement de cils
Et on m'a dit qu'en avril
Faut pas se découvrir d'un fil

Mais moi j'ai peur de rien
Alors malgré les dictons vieillots
J'ai enlevé une de mes deux vestes
Pour pas avoir trop chaud

J'ai vu les arbres avoir des feuilles
Et les filles changer de godasses
J'ai vu les bistrots ouvrir plus tard
Avec des tables en terrasses

Y avait pleins de couples qui s'embrassaient
C'est les hormones, ça réagit
C'est la saison des amours
Et la saison des allergies

C'est vrai que j'ai eu le nez qui coule
Et je me suis frotté les yeux
Mais j'ai aimé la chair de poule
Pendant un coup de vent affectueux

Sur les balcons ça bourgeonnait
J'ai ri bêtement à cette vision
J'ai regardé le ciel bleu-pâle
Y avait même des avions

Ma factrice a ressorti le vélo
J'étais content pour elle
Content aussi pour le daron
Qui aime le retour des hirondelles

Je commençais juste à m'y habituer
Mais le thermomètre a augmenté
J'ai compris ce qui nous pendait au nez
C'était l'été

Au mois de juin on change de teint
Fini d'être albinos
C'est la période des examens
Et puis celle de Roland Garros

Ça sent les vacances à plein nez
Il va être l'heure de se tirer
Moi j'ai enlevé ma dernière veste
Pour pas transpirer

J'ai vu qu'il faisait encore jour
Même après le début du film
Pour ceux qui ont des poignées d'amour
Il est trop tard pour le régime

Les mecs sont assez excités
Et ça les préoccupe
Que les filles sortent leurs décolletés
Et leurs mini-jupes

J'ai aimé rechercher l'ombre
Quand il y avait trop de soleil
J'ai aimé dormir sans la couette
Pour rafraîchir le sommeil

Sur les balcons c'était la jungle
Il y avait plein de fleur et de feuillage
J'ai regardé le ciel tout bleu
Il y avait même pas de nuages

J'ai adoré conduire la nuit
La vitre ouverte en grand
Avec le bras gauche de sorti
Qui fait un bras de fer contre le vent

Je commençais juste à m'y habituer
Mais j'ai vu une fleur fanée
J'ai compris que l'automne
Était déterminé

C'est surtout à partir d'octobre
C'est la saison la plus austère
Moi bizarrement je la trouve noble
C'est celle qui a le plus de caractère

J'ai vu les feuilles qui tournoyaient
Comme des ballons de baudruche
J'ai remis une de mes vestes
Avec une capuche

J'ai vu la pluie, j'ai vu le vent
Les rayons de soleil malades
J'ai vu les K-ways des enfants
Qui partent aux châtaignes en ballade

J'ai marché dans les feuilles mortes
Et sur les trottoirs mouillés
J'ai vu les parcs changer de couleurs
Ils étaient tout rouillés

J'ai aimé les lumières de la ville
Qui se reflètent dans les flaques
Et les petites bourrasques de vent
Qui mettent les brushings en vrac

Sur les balcons y avait que des branches
Sans feuilles et sans raisons
J'ai regardé le ciel tout gris
Y avait même plus d'horizon

Et puis l'hiver est revenu
Puis les saisons se sont perpétuées
Les années passent, la vie aussi
On commençait juste à s'y habituer

On est les témoins impuissants
Du temps qui trace, du temps qui veut
Que les enfants deviennent des grands
Et que les grands deviennent des vieux

Terminat

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