Your native language

عربي

Arabic

عربي

简体中文

Chinese

简体中文

Nederlands

Dutch

Nederlands

Français

French

Français

Deutsch

German

Deutsch

Italiano

Italian

Italiano

日本語

Japanese

日本語

한국인

Korean

한국인

Polski

Polish

Polski

Português

Portuguese

Português

Română

Romanian

Română

Español

Spanish

Español

Türk

Turkish

Türk

Українська

Ukrainian

Українська
User Avatar

Звук


Інтерфейс


Рівень складності


Акцент



мова інтерфейсу

uk

Lyrkit YouTube Lyrkit Instagram Lyrkit Facebook
1
зареєструватись / увійти
Lyrkit

донат

5$

Lyrkit

донат

10$

Lyrkit

донат

20$

Lyrkit

Та/Або підтримай мене в соц. мережах:


Lyrkit YouTube Lyrkit Instagram Lyrkit Facebook
Mylene Farmer

Au Lecteur

 

Au Lecteur

(альбом: Désobéissance - 2018)


La sottise, l'erreur, le péché, la lésine
Occupent nos esprits et travaillent nos corps
Et nous alimentons nos aimables remords
Comme les mendiants nourrissent leur vermine

Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches

Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste

C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent

Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme
Une vieille orange

Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes

Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie

Mais parmi les chacals, les panthères, les lices
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents
Les monstres glapissants, hurlants, grognants
Rampants
Dans la ménagerie infâme de nos vices

II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde;

C'est l'Ennui! C'est l'Ennui! C'est l'Ennui!

L'oeil chargé d'un pleur involontaire
II rêve d'échafauds en fumant son houka
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat
Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!

[Charles Baudelaire, «Les Fleurs du mal»]

готово

Ти додав собі всі незнайомі слова із цієї пісні?