Rentrez Chez Vous
(专辑: La Vie De Rêve - 2018)
Ça y
est, ils ont fait sauter la tour Eiffel Ça y
est, ils ont fait sauter la tour Eiffel On pensait pas qu'ils oseraient mais le mal est fait Comment on a
pu en arriver là ?
Difficile à croire La nuit a
été calme, ils ont bombarbé que trois fois Je suis monté à Paris retrouver ma copine La guerre nous a
pris par le col, nous a
sorti de la routine Remplacé les fleurs par les pleurs, les murmures par les cris Son immeuble a
été touché, j'l'ai pas trouvé sous les débris Je vais rentrer bredouille, rejoindre ma famille dans le premier train Le départ est prévu pour demain matin Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies ça fait 4
jours que j'ai pas d'nouvelles d'Oli Putain c'est la guerre !
On a
cassé nos tours d'ivoire Moi qui l'ait connu qu'au travers des livres d'histoires J'veille sur la famille, c'est vrai, nos parents s'font vieux On entasse des bus, on bloque les routes, on s'protège comme on peut Et la foule suit ces fous sans camisole Parait qu'ils éxecutent des gens place du capitole Quatre billets pour un ferry Une chance de s'évader Une nouvelle vie de l'autre côté de la Méditerranée Les balles nous narguent, on a
peur d'être au mauvais endroit Mon frère m'a dit "Si j'reviens pas, partez sans moi" Difficile d'être au courant, ils ont coupé le réseau ça fait bientôt quatre jours que j'ai pas d'nouvelles de Flo Bien sûre les bruits des wagons bondés me rendent insomniaques Certains ont mis toute leur maison au fond d'un petit sac Le train s'arrête et redémarre, me donne des hauts le coeur On a
fait en deux jours ce qu'on faisait en six heures J'dois rejoindre la famille au port de Marseille Mais j'ai pris du retard, j'crois bien qu'ils vont partir sans moi Quel cauchemard !
Pas grave, j'les rejoindrais en barque Pas de réseau, impossible de choper une barre J'vois une enfant au sol, lui demande si elle est seule Elle dit qu'elle a
vu ses parents couchés sous des lynceuls Les hommes sont capables de merveille et des pires folies ça fait bientôt six jours que j'ai pas d'nouvelles d'Oli Direction Marseille !
Un tas d'tout dans la soute On fait semblant d'pas voir tous les corps qui longent la route Les villes ont changé, la vie et l'horreur aussi tôt Les métros sont des dortoirs, les cinémas des hôpitaux Sous le port, on s'bouscule, on s'entasse devant Devant nous le ferry apparaît, certains tueraient pour une place dedans À bord, je pleure l'état de ce monde On a
attendu mon frère jusqu'à la dernière seconde On veut pas être là-bas, on veut juste être autre part Enfin respirer comme le lendemain d'un cauchemard Le bâteau démarre, je fixe son sillage sur l'eau ça fait bientôt sept jours que j'ai pas d'nouvelles de Flo Arrivé sur le port de Marseille avec la petite fille dans mes bras Presque un jour de retard, ils sont tous parti sans moi Mais j'ai les contacts d'un passeur, une plage et une heure Plus de trente, entassés, bien sûre, on ne voyage pas seul Il me dit "Choisis la fille ou ton sac pour jeter du leste" Puis je vide mes poches et lui donne tout ce qu'il me reste Et me voilà parti, acteur d'une drôle de fable À la conquête du paradis sur mon bâteau gonflable On navigue loin d'ici Et plus les vagues s'agrandissent, plus notre espoir rétrécit Et ça tangue, et ça tangue Certains tombent dans le ventre de la bête Nous voilà en pleine tempête En une seconde, la fille m'échappe et plonge J'entends ses cris emportés par la mer qui gronde La pluie, le sel et les larmes se mélangent Une femme s'agrippe à mes hanches et m'entraîne dans la danse Le bateau se retourne, on se colle et on coule Nos appels à l'aise sont perdu dans la houle Dire qu'il n'y a
pas longtemps j'étais avec mes amis On allait de bar en bar pendant toute la nuit Mes poumons se remplissent d'eau et mes yeux se ferment Mon âme éteint sa lanterne Les hommes sont capables de merveille et des pires folies Je n'aurais plus jamais de nouvelles d'Oli Le bateau accoste Première vision :
des barbelés ça, mon frère ne m'en avait pas parlé Encore des armes et des pare-balles On nous fait signer des papiers dans une langue qu'on ne parle pas On nous fouille, nous désinfecte comme des animaux On nous sépare de mon père, pas le temps de lui dire un dernier mot Dans des camps provisoires, des couvertures, un matelas Un niçois me raconte qu'il est là depuis des mois Toulouse me manque déjà Ma mère s'endort dans mes bras Elle me répète tout bas que Flo nous rejoindra La chaleur étouffe, on a
vidé toutes les bouteilles Dans le journal, j'apprends qu'ils ont fait sauter la Tour Eiffel Le lendemain on nous entasse dans des bus Les autres sur les uns, qui peut le moins peut le plus Des centaines de fous accompagnent notre départ Des poings brandis en l'air, des cris, des sales regards Je croise celui d'un type qui scande avec ferveur C'est la première fois du périple que j'ai vraiment peur Je ne vois que lui au milieu de la foule Sur sa pancarte il est écrit "Rentrez chez vous"